Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
9 mars 2013 6 09 /03 /mars /2013 21:23

  universit.jpg      « Personne n’est plus esclave que celui qui se croit libre sans l’être » Goethe

Cette société, d'une manière ou d'une autre, toute sa jeunesse la rejette. Et cette crise - qui est déjà en soi-même un problème spécifique considérable - élargit le débat bien au-delà d'elle-même, et l'ouvre en termes généraux, en termes d'avenir.
Ainsi l'université française réussit-elle le prodige d'offrir aux étudiants, aux chercheurs, un enseignement et des structures bureaucratisées, figées, centralisées, en même temps que s'y développe un climat perpétuel d'anarchie, d'agitation, de lutte et de verbiage idéologique. Il en résulte en fin de compte une inadaptation de plus en plus profonde, de plus en plus dramatique de cette université anarchique et sclérosée, aux besoins réels de notre société. Malgré l'existence de nombreux comités de liaisons étudiants-entreprises, l'Université se révèle incapable de nouer avec le monde professionnel et économique, les liens, les rapports de coordination qui s'imposent de manière urgente.
C'est là un grave problème, d'ailleurs quasiment insoluble dans un climat de démagogie idéologique qui refuse la sélection et dans un pays où - non seulement l'Université - mais aussi les communes, les régions et les professions, dans le cadre desquelles elle devrait s'insérer, demeurent elles-mêmes inorganisées, centralisées, massifiées. Le climat général qui règne dans la faculté est donc fort opposé à l'étude, mais aussi à la créativité, à l'initiative, à la liberté de l'intelligence dans son ordre propre. L'étudiant s'y trouve confronté à des conditions de vie difficiles en même temps qu'à l'inquiétude de son avenir. Surtout si l'on veut bien se souvenir que sur les chômeurs que compte notre pays, une forte proportion est composée de jeunes gens n'ayant jamais travaillé : pour inquiétant et significatif qu'il soit le problème universitaire n'est donc pas le seul problème des jeunes. Celui de l'insertion dans la vie professionnelle, est au moins aussi aigu. Au-delà encore, l'esprit général de la jeunesse « conteste » toute la société libérale que nous connaissons.
Et il est significatif que cette remise en cause, profonde, soit unanime. Cette jeunesse a rompu ses « solidarités » traditionnelles, elle s'est à la fois uniformisée dangereusement, divisée et morcelée, qu'elle a sacrifié ses finalités humaines supérieures, morales ou esthétiques au « culte sourcilleux » d'un dieu qui - bien souvent - n'est autre que l'Argent. Pour être, par définition, la génération de l'avenir, la jeunesse a eu au moins le mérite de mettre violemment en lumière le phénomène de rejet qui - bien au-delà d'elle-même - nous dresse tous contre un certain ordre qui cache mal une formidable crise de civilisation.

Frédéric Winkler

Partager cet article
Repost0

commentaires