Saints 150 Martyrs de Palestine
Ste Pétronia
Ste Goudelia
Saints 150 Martyrs de Palestine
Ste Pétronia
Ste Goudelia
Saint Kyriakos naquit en 448, sous le règne de l'empereur Théodose le Jeune, à Corinthe. Il était le fils d'un Prêtre de l'Eglise de Corinthe nommé Jean et d'une pieuse femme, Eudoxie. A l'âge de 18 ans, il fut ordonné Lecteur par Pierre, Evêque de la ville et oncle de son père. Le coeur brûlant d'un ardent désir de Dieu, le jeune homme s'enfuit secrètement pour Jérusalem. Arrivé dans la ville sainte, il entendit parler des exploits de Saint Euthyme1 et demanda à être reçu parmi ses disciples. Saint Euthyme le revêtit du saint habit angélique, mais ne lui permit pas de rester dans sa laure, de peur de scandaliser les autres pères par son jeune âge. Aussi l'envoya-t-il à Saint Gérasime2, qui demeurait près du Jourdain. Cyriaque s'y acquittait si bien de sa tâche de cuisinier et progressait si rapidement dans les saintes vertus ascétiques et dans la prière que Saint Gérasime le prit en affection et accepta de l'emmener avec lui dans le désert de Rouba, chaque année depuis la clôture de la Théophanie jusqu'au dimanche des Palmes. C'est de là que Gérasime eut la révélation du départ pour le ciel de l'âme de Saint Euthyme, et qu'il partit avec Kyriakos pour ensevelir son corps.
La neuvième année de son séjour dans le monastère de Saint Gérsime, ce dernier s'endormit dans la paix pour rejoindre son Seigneur. Désormais âgé de 27 ans, Cyriaque put être reçu dans la laure de Saint Euthyme. Il y demeura quelque temps dans la solitude, tout en favorisant la transformation de la Laure en coenobium. Mais la charité s'étant refroidie parmi les moines, il advint que le monastère entra dans des querelles continuelles avec le Monastère de Saint Théoctiste, situé un peu plus bas. Fuyant le scandale et le trouble, Kyriakos partit s'installer dans la laure de Saint Chariton à Soukas. Il resta là de nombreuses années, servant la communauté en de multiples tâches. Parvenu à l'âge de 40 ans, il fut ordonné Prêtre et prit la charge de skevophylax (sacristain). Pendant toutes ces années, le bienheureux ne se mit pas une seule fois en colère et le soleil ne le vit jamais prendre sa nourriture. Parvenu à l'âge de 70 ans, il se retira avec un seul disciple dans le désert de Natouphas, souffrant là toutes sortes de tourments pour l'amour du Christ et ne se nourrissant que d'oignons sauvages que Dieu, à la prière du Saint, avait miraculeusement privés de leur amertume. Comme un grand nombre de moines et de fidèles accouraient de toutes parts vers la retraite du Saint, les uns pour être délivrés d'esprits mauvais, les autres pour entendre une parole de salut, Cyriaque dut, malgré ses 90 ans, partir pour un lieu encore plus reculé, nommé Sousakim, où il vivait seul avec un lion apprivoisé qui veillait sur son petit jardin.
St Prophète Baruch
Saints Marc le Pasteur, Alexandre, Alphée, Zosime, Nicon, Néon, Héliodore et autres Vierges et enfants martyrisés à Antioche de Pisidie
Saints Calmlinique et Eustate le Romain
Saint Chariton naquit et fut élevé à Iconium, en Asie-Mineure, sous le règne de l'empereur Aurélien (270-276). Au début de son règne, le successeur de ce dernier, Dioclétien, n'était pas hostile aux Chrétiens; mais, poussé par le démon, il déclencha par la suite une violente persécution contre ceux qui invoquaient le nom du Christ (304). Comme Chariton était réputé à Iconium pour sa piété et sa vertu, il fut capturé par les soldats de l'empereur et mené devant le consul. Ayant confessé sans crainte le Christ et condamné les idoles, Chariton fut étendu à terre et si violemment fouetté que ses chairs en furent réduites en charpie. On le jeta en prison et on l'en ressortit quelques jours plus tard pour le présenter à nouveau devant le tribunal. Délivré de prison, il se réfugia en Egypte jusqu'à ce que Constantin le Grand décrète la fin des persécutions et reconnaisse officiellement la religion des Chrétiens. Portant en son corps les marques de la Passion du Christ, Chariton, dès lors libéré de la menace du Martyre, poursuivit avec un zèle accru la voie de l'imitation du Christ par une vie d'ascèse et d'austérité. Aux souffrances volontaires qu'il infligeait à son corps pour le réduire en servitude et lui faire obéir à la loi de l'Esprit, s'ajoutèrent des épreuves involontaires. Un jour, alors qu'il se dirigeait vers Jérusalem, il rencontra sur la route une bande de brigands, qui le ligotèrent et l'emmenèrent dans leur grotte. Mais ceux-ci furent bientôt victimes du jugement divin. Ils moururent tous après avoir bu du vin, dans lequel une vipère avait craché son venin. Chariton, resté seul, fut miraculeusement libéré de ses liens et devint ainsi l'héritier du butin qu'avaient amassé les brigands. Il distribua ces richesses mal acquises en les donnant aux pauvres ou en les utilisant à la construction d'églises pour la gloire de Dieu, et s'installa dans cette grotte située dans un lieu nommé Pharan, afin d'y pratiquer l'ascèse.
De cette grotte, le Saint attira beaucoup d'infidèles à embrasser la foi et à suivre l'exemple de sa vie angélique. Mais comme cette affluence l'arrachait à sa solitude bien-aimée, il partit pour s'installer dans une autre grotte éloignée, après avoir placé le meilleur de ses disciples à la tête de la communauté de Pharan et avoir exhorté ses enfants spirituels à garder strictement la tempérance dans la nourriture et le sommeil, à prier la nuit comme le jour aux heures qu'il leur avait enseigné et à recevoir le pauvre et l'étranger comme le Christ lui-même. Retiré sur la montagne de Doucas, (tans les environs de Jéricho, il ne put rester bien longtemps à converser seul à seul avec Dieu: de nombreux disciples vinrent se joindre à lui et l'obligèrent à construire une seconde Laure1 et à s'enfuir de nouveau dans un endroit encore plus reculé, nommé Thécoué. Il s'installa avec quelques disciples dans une troisième laure, qu'on appela du nom syriaque Souka («monastère») ou encore «l'Ancienne Laure». Mais rien ne pouvait arrêter la foule des nouveaux disciples et des païens qui accouraient pour se délecter du miel de ses paroles et pour contempler cette vivante image du Christ. Aussi, Chariton, qui ne désirait en ce monde que la suavité de l'union à Dieu dans la solitude, se retira au-dessus de la Laure, dans une grotte si difficile d'accès qu'on ne pouvait y monter qu'avec des échelles. Il demeura là de nombreuses années, s'abreuvant à une source que Dieu, à la prière du Saint, avait fait jaillir dans la grotte. Comme Dieu lui avait à l'avance révélé la date de sa mort, Chariton se fit transporter dans sa première Laure de Pharan. De là, il adressa un testament spirituel à ses disciples, dans lequel il indiquait la voie sûre pour parvenir à l'union avec Dieu: c'est-à-dire l'ascèse liée à l'humilité et à la charité envers tous. Ayant achevé son ultime enseignement, il s'étendit sur son lit et s'endormit paisiblement, pour rejoindre le choeur des Anges et des Saints.
Sainte Aquilina était originaire d'un village proche de Thessalonique. Alors qu'elle n'était encore qu'un nourisson, son père se querella un jour avec l'un de ses voisins turcs. Ils en vinrent aux coups, et le malheureux tua involontairement le Turc. Il ne put avoir la vie sauve qu'à la condition de renier sa foi et de devenir musulman, en promettant de surcroît la conversion de sa fille, lorsqu'elle en aurait l'âge. Mais la mère d'Aquilina demeurait fidèle et pieuse admiratrice des exploits des Martyrs. C'est ainsi qu'elle éduqua sa fille, lui apprenant à préférer la mort à l'apostasie. Lorsque la jeune fille eût atteint l'âge de dix-huit ans, son père lui proposa la conversion à la foi des Turcs, mais il fut fort surpris de la voir refuser et de l'entendre se déclarer prête à tous les supplices pour l'amour du Christ. Constatant sa résolution et pris de peur pour lui-même, ce père indigne et lâche livra sa fille aux autorités turques, en leur disant d'en faire ce qu'ils voulaient. La jeune fille se laissa emmener sans résistance, après avoir embrassée sa mère et l'avoir assurée qu'elle se rendrait digne de son enseignement. Ni les promesses flatteuses, ni les menaces ne l'ébranlèrent.
Vêtue d'une simple chemise, bientôt réduite en lambeaux sous les coups, la fiancée du Sauveur fut soumise à trois reprises à la bastonnade sans pitié des barbares. Loin de perdre son assurance, et comme transportée de joie par l'amour de Dieu qui brûlait en son coeur, Aquilina ne cessait de se moquer de ses bourreaux. Quand elle fut réduite à la dernière extrémité, de pieux Chrétiens la transportèrent devant sa mère, pour que celle-ci assiste à ses derniers instants. En la voyant, elle demanda toute anxieuse à sa fille si elle avait tenu bon. La Sainte lui répondit dans son dernier soupir: -«Que pensais-tu donc que je fisse, si ce n'est ce que tu m'as enseigné. Selon ton commandement, j'ai gardé la confession de notre foi». Elles rendirent toutes deux gloire à Dieu et la Sainte martyre partit pour les demeures des bienheureux. Comme on emmenait sa dépouille pour l'inhumer tous les lieux où elle passait s'emplissaient d'un suave parfum. Et cette nuit là, une lumière éclatante se dégagea de son tombeau.
St Gédéon, Juge en Israël
Ste Chiras
Saintes cinq Martyres Vierges et moniales
Saint Jean était originaire d'un pauvre village de Galilée nommé Bethsaïde. Il était fils de Zébédé, le pêcheur, et de Salomée, la fille de Joseph le Fiancé de la Mère de Dieu. En effet Joseph avait eu de son premier mariage quatre garçons: Jacques, José, Judas et Simon (ou Simeon) ; et trois filles: Esther, Marthe et Salomée. C'est pour cette raison que selon le monde notre Seigneur Jésus Christ était l'oncle de Saint Jean le Théologien, puisque demi-frère de sa mère Salomée.
Jean aidait son père Zébédé à la pêche avec son frère Jacques, lorsqu'ils furent appelés par le Seigneur à le suivre pour devenir pêcheurs d'hommes. Il abandonna sur le champ toutes choses pour suivre son céleste enseignement. Il aimait à tel point la virginité et l'ascèse que, plus que tous les autres disciples, il fut digne du nom de vierge. Et son amour pour le Christ était si ardent, sa conduite si excellente, qu'entre tous il devint le disciple Bien-aimé. Son intimité avec le Seigneur était telle qu'il fut l'un des trois à monter avec Lui sur la montagne du Thabor, pour contempler la divinité du Verbe resplendissante dans son corps et pour entendre la voix venue du ciel qui disait: « Celui-ci est Mon fils bien-aimé, en qui J'ai mis toute Ma complaisance.- Ecoutez-Le» (Mat. 17:5). C'est lui que son Maître bien-aimé choisit pour s'asseoir à Ses côtés et reposer sur Son sein lors de la Cène mystique (Jean 13 : 23). C'est lui encore qui, emporté par son amour, demanda à s'asseoir à la droite du Seigneur (Mat. 20:21) et qui, lorsque le Christ fut saisi par les Juifs, le suivit jusque dans la cour du Grand-Prêtre (Jean 18 : 15). Lorsqu'on crucifia le Seigneur, il resta seul avec la Mère de Dieu au pied de la Croix. C'est alors que le Christ, s'adressant à Sa mère dit en montrant Jean: «Femme, voici ton fils». Puis il dit à Jean: « Voilà-ta mère». Et à partir de ce moment, le disciple vierge prit chez lui la Mère vierge (Jean 19 : 27).
Lors de l'annonce de la Résurrection, Jean devança Pierre en courant vers le tombeau. C'est lui qui se pencha le premier et vit les bandelettes qui gisaient à terre Jean 20 : 5-6). Il vit le Christ après Sa Résurrection et, avec les autres disciples, reçut de Lui la mission d'aller prêcher la Bonne Nouvelle par toute la terre, lorsqu'Il souffla sur eux en gage du don du Saint Esprit (Jean 20 : 22). Il assista aussi à Son ascension au Ciel, et reçut le Saint-Esprit sous forme de flammes de feu avec les autres disciples le jour de la Pentecôte (Actes 1-2). Il fut le dernier à rester à Jérusalem, en compagnie de la Mère de Dieu, pour la servir jusqu'à sa Dormition.
Au moment de se séparer pour aller prêcher dans toutes les régions du monde, les Apôtres tirèrent au sort pour savoir où chacun devait aller. A Jean revint l'évangélisation de l'Asie-Mineure, qui était à cette époque pleine d'idolâtrie et toute entière vouée aux erreurs païennes. Cette nouvelle contrista fort Saint Jean qui, en tant qu'homme, ne savait pas encore remettre toute son espérance en la puissance invincible de Dieu. Pour purifier cette faiblesse humaine, Dieu lui fit savoir qu'il devait être soumis à l'épreuve de la tempête et à la fureur des flots pendant quarante jours, avant de parvenir à destination. Pendant cette tempête, le disciple de Jean, le Diacre Prochore, fut rejeté par les flots sur les rives de Séleucie. Là, il fut accusé de magie par les habitants de la ville et soupçonné d'avoir dérobé l'argent du bateau qui avait fait naufrage. Il dut s'enfuir et parvint quarante jours après dans une ville d'Asie-Mineure, nommée Marmaréote, où il retrouva son maître que les flots avaient rejeté là.
De cette ville, ils se rendirent à Ephèse, où ils tombèrent entre les mains d'une femme nommée Romane, fiancée au gouverneur Privatus. Elle les obligea à servir dans des conditions inhumaines dans un bain qui lui appartenait et où demeurait un démon auquel on avait coutume de jeter trois fois l'an un jeune homme ou une jeune fille, comme en tribut. Alors qu'ils y travaillaient depuis trois mois, le démon se saisit d'un certain Domnus, parent de Romane, et le noya dans le bain. Pressé par sa maitresse qui le prenait pour un mage, Jean le ressuscita grâce à sa prière. Profitant de l'admiration qu'il avait suscité en Romane et ses proches, il les catéchisa, les baptisa et chassa le démon par le fouet de sa prière.
Les Ephésiens avaient une grande dévotion pour la déesse Artémis, et il célébraient périodiquement de grandes fêtes en son honneur. Lors d'une de ces fêtes, Jean monta sur la colline où se dressait la grande statue d'Artémis pour haranguer la foule. En le voyant, les païens, pris de fureur, lui jetèrent des pierres pour le tuer. Mais par la grâce de Dieu, aucune des pierres ne toucha le Saint. Elles frappèrent toutes la statue, qui fut ainsi mise en pièces par ses propres adorateurs. Restant sourds aux signes de la Providence et aux discours de Saint Jean, ils voulurent une autre fois le lapider; mais les pierres se retournèrent contre eux et, à la prière de l'Apôtre, la terre trembla soudain et engloutit plus de deux cents d'entre eux. Les autres, revenant enfin à la raison à la suite de cet événement, supplièrent Jean d'intercéder pour qu'il leur soit fait miséricorde et pour que ceux qui venaient de mourir retrouvent vie. Après que Jean eût intercédé pour eux, ils sortirent tous des antres de la terre, vénérèrent le Saint et furent baptisés.
Comme les miracles de Jean se multipliaient, et avec eux les conversions au Christ, le démon qui habitait le temple d'Artémis prit l'apparence d'un officier impérial, qui se lamentait d'avoir laissé échapper deux mages aux pouvoirs extraordinaires et promettait une forte récompense à qui les retrouverait ou les mettrait à mort. L'oeil de l'intelligence éclairé par le Saint-Esprit, Jean devina la ruse du démon et, fort de la puissance de Dieu, se livra de lui-même aux païens, en compagnie de Prochore. On se saisit d'eux et on les traîna dans le temple d'Artémis. Arrivé là, le Disciple Bienaimé éleva ses prières vers Dieu, pour qu'il détruisit le temple sans porter atteinte à aucune vie humaine. Cette prière aussitôt prononcée, l'édifice, qui était la gloire du culte païen, s'effondra et Jean chassa par sa seule parole le démon qui y demeurait depuis 249 ans, à la grande stupeur des païens présents, dont la plupart crurent au Christ.
La renommée de Jean parvint jusqu'à l'empereur Dométien, qui l'envoya quérir. En l'interrogeant, il constata que l'assurance qu'avait le Saint dans le Christ était plus forte que toutes les puissances terrestres, aussi décida-t-il de l'exiler dans l'île de Patmos, pensant ainsi réduire son influence. Pendant son voyage, Jean, toujours accompagné de Prochore, montra les bienveillances de Dieu envers tous les hommes en guérissant de la dysentrie les soldats de son escorte. Sitôt parvenu à Patmos, il guérit Apollonide, fils d'un certain Myron, notable de l'île, d'un esprit impur. Grâce à ce miracle et à la parole du Saint, toute la maisonnée crut au Christ et fut baptisée, ainsi qu'un peu plus tard le gouverneur de l'île lui-même.
A cette époque, un mage redoutable du nom de Kynopse, doté de tous les pouvoirs de Satan, demeurait dans un lieu désert de Patmos, servi par une troupe de démons. Craignant la puissance qu'avait montrée Saint Jean dès son arrivée, les prêtres d'Apollon firent demander au mage de réduire au plus vite à l'impuissance ce dangereux rival. Trop fier de sa puissance, Kynopse ne daigna pas se déplacer lui-même. Il envoya un démon, que Jean réduisit à l'impuissance au seul Nom de Jésus-Christ. Et il chassa bientôt de l'île, par le même moyen, tous les serviteurs démoniaques du mage. Bien que la puissance de Kynopse ne fût qu'illusion, - car seul Dieu peut faire des miracles -, il défia Saint Jean de ressusciter un mort, alors que pour sa part il faisait apparaître un démon à la ressemblance du défunt. Une autre fois, défiant de nouveau le Disciple du Seigneur, il plongea dans la mer, voulant ne réapparaître qu'après un long moment. Mais à la prière de Jean, la mer l'engloutit, comme autrefois le Pharaon lancé à la poursuite de Moïse. C'est ainsi que l'on ne revit plus jamais ce magicien et ses serviteurs sur l'île de Patmos.
Pendant son séjour à Patmos, Jean reçut une lettre de l'Evêque d'Athènes, Denis l'Aréopagite, alors âgé de 99 ans. Entre autres louanges, il le nommait soleil de l'Evangile et prophétisait sa prochaine libération. En effet, lorsque Trajan prit la succession de Néron (98), il rappela Saint Jean à Ephèse, à la grande douleur des habitants de Patmos qu'il avait convertis. Ne voulant pas les laisser ainsi complétement orphelins, et après avoir été confirmé par un signe divin, il jeûna pendant trois jours avec l'ensemble du peuple, monta sur la montagne en compagnie de Prochore, et dirigea vers Dieu toutes les puissances de son intelligence. Soudain des coups de tonnerre et des éclairs redoutables déchirèrent le ciel et ébranlèrent la montagne. Frappé de stupeur, Prochore tomba à terre comme mort, alors que Jean restait impassible en sa contemplation: car «le parfait amour chasse la crainte» (1 Jean 4 : 18). Il entendit une voix de tonnerre clamer du haut des cieux: «Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu ... » (Jean 1 : 1).
Prochore écrivit sous la dictée de cette voix, afin de transmettre ce message du salut, ainsi révélé à Jean comme la Loi à Moïse sur la montagne du Sinaï autrefois: non plus pour le seul peuple Hébreux, mais pour tous les confins de la terre.
C'est également à Patmos qu'il tomba, un dimanche, en extase et vit le Christ lui apparaître sous l'apparence d'un jeune homme, dont le « visage brillait plus que le soleil dans tout son éclat». En le rassurant, il dit à Jean: «Ne crains pas, Je suis le Premier et le Dernier, le Vivant; Je fus mort, et Me voici vivant pour les siècles des siècles, détenant les clefs de la Mort et de l'Hadès. Ecris donc ce que tu as vu: le présent et ce qui doit arriver plus tard» (Apo. 1 : 17 sui.). Puis il lui révéla (Apocalypse = révélation) en de grandioses visions ce qui doit arriver à la fin des temps: l'accroissement de l'iniquité, la venue de l'Antéchrist, son combat contre les fidèles et sa lutte ultime contre le Christ, qui le jettera finalement pour toujours en Enfer avec le diable et ses anges; il contempla aussi les bouleversements du monde, la consommation de toute chose sous le feu divin et, enfin, le triomphe du Fils de l'homme, la résurrection de tous et le Jugement dernier. Le livre de l'Apocalypse de Saint Jean, qui est aussi le dernier livre de l'Ecriture Sainte, se termine avec la scène sublime de la descente sur terre de la Jérusalem céleste, de la Cité Sainte et éternelle, où Dieu demeurera pour toujours avec les hommes, comme l'Epoux uni à Son épouse. Parfaite en toutes ses proportions, cette ville paraît semblable à l'or le plus pur et au cristal, ses assises sont rehaussées de pierreries et ses portes sont douze perles. «De temple, je n'en vis point en elle, rapporte Saint Jean; c'est le Seigneur, le Dieu Maître-de- Tout qui est Son temple, ainsi que l'Agneau (le Christ). La ville peut se passer de l'éclat du soleil et de celui de la lune, car la gloire de Dieu l'illumine et l'Agneau lui tient lieu de flambeau» (Apo. 21).
Puis, fermant le livre des révélations divines, l'Apôtre Bien-aimé, lui qui avait été jugé digne de contempler les mystères ineffables, invite les fidèles à attendre dans le silence et la prière la venue du Seigneur: «L'Esprit (Saint) et l'Epouse (l'Eglise) disent: "Viens," Et que celui qui entend dise: "Viens," Que l'homme assoiffé approche (...)et reçoive gratuitement l'eau de la vie (...) "Oui mon retour est proche", (affirme le Seigneur) - Amen! Viens, Seigneur Jésus,» (Apo. 22).
De retour vers Ephèse, Jean s'arrêta dans une ville nommée Agroikia, où, entre autre bienfaits et miracles, il convertit un délicat jeune homme au Christ et le confia à l'Evêque. Comme quelque temps après il vint à repasser dans cette ville, il apprit que ce jeune homme était devenu le chef d'une bande de bandits de grands chemins. Ne ménageant pas ses forces et ignorant le danger, le vieillard battit seul les chemins et les montagnes pour le retrouver. Il se livra de lui-même aux brigands, et put ainsi persuader le jeune homme de revenir dans la voie du Christ par le repentir. L'Apôtre Bien-Aimé passa paisiblement le reste de ses jours à Ephèse, en amenant au Christ un grand nombre de païens. Il avait 56 ans lorsqu'il partit de Jérusalem pour prêcher l'Evangile. Il prêcha pendant 9 ans jusqu'à son exil, passa 15 ans à Patmos, et vécut encore 26 ans après son retour, de sorte que la durée de sa vie fut 105 ans et 7 mois.
Lorsqu'il reçut de Dieu l'annonce que le moment de son départ de cette vie était arrivé, il ordonna à ses disciples de creuser une tombe dans le sable en forme de croix. Après les avoir tous embrassés et consolés, il s'y étendit de lui-même et leur ordonna de le recouvrir d'abord jusqu'aux genoux; puis, après un nouvel adieu, ils le recouvrirent jusqu'au cou, et lui recouvrirent enfin le visage au moment où le soleil se levait. Lorsqu'ils revinrent en ville en pleurant, les autres disciples du Saint voulurent se rendre à leur tour sur le lieu de la sépulture. Il creusèrent à l'endroit de sa tombe, mais n'y trouvèrent plus rien. En effet, d'après la tradition des Saints Pères, Saint Jean est ressuscité et monté au ciel, de manière semblable à celle de la Mère de Dieu, en réalisation de la parole énigmatique du Sauveur répondant à Pierre qui l'avait questionné sur Jean: «Si Je veux qu'il reste jusqu'à ce que Je revienne, qu'est-ce-que cela te fait ? (Jean 21 : 22). Il ne voulait pas dire par là que le Disciple Bien-aimé ne mourrait pas, mais plutôt qu'il lui réservait un sort spécial, le mettant à part jusqu'à sa seconde Venue1.
Saint Serge naquit en 1313 à Rostov. Ses parents, Cyrille et Marie, lui donnèrent au Baptême le nom de Barthélémy. Dès le sein de sa mère, Dieu laissa prévoir la gloire future de son serviteur. C'est ainsi qu'une fois, au cours de la Liturgie avant la lecture de l'Evangile, l'enfant se mit à crier dans le sein de sa mère, si fort que sa voix fut entendue par d'autres. Au moment de l'hymne des Chérubins, la voix de l'enfant se mit encore à retentir, ce qui effraya Marie. Lorsque le Prêtre prononça l'ecphonèse : «Ce qui est Saint aux Saints! », l'enfant poussa un cri pour la troisième fois, et sa mère commença à pleurer. Ceux qui étaient présents à la Liturgie souhaitaient voir l'enfant; mais la mère fut contrainte de dire qu'il criait non pas sur ses bras, mais dans son sein. Après cet événement inhabituel, Marie, pendant toute la période de sa grossesse, ne mangeait ni viande ni lait ni poisson; elle se nourrissait exclusivement de pain et d'eau, et vaquait à la prière. Lorsqu'il eut sept ans, on envoya l'enfant étudier. Or, contrairement à ses frères Etienne et Pierre qui apprenaient bien, Barthélémy éprouvait des difficultés. Le maître le punissait, ses camarades se moquaient de lui, ses parents le réprimandaient; mais Barthélémy, malgré toute sa bonne volonté, ne parvenait pas à apprendre. C'est alors que se produisit le même phénomène qu'avec Saül. Un jour, alors que son père l'avait envoyé au champ chercher des chevaux, Barthélémy aperçut un moine âgé sous un chêne, qui priait en versant des larmes. Le jeune garçon s'approcha doucement, attendant la fin de la prière du Staretz, qui lui dit: «Que te faut-il, mon enfant?» Barthélémy répondit: «Je ne puis apprendre malgré mes efforts. Prie Dieu pour moi, Saint Ppère, pour que je puisse apprendre les lettres». Le Staretz, en prononçant une prière, donna un morceau de Prosphore à l'enfant et lui dit: «Ne t'afflige point. A partir de ce jour, le Seigneur te donnera la compréhension des lettres!» Alors que le Staretz voulait sortir, Barthélémy tomba à ses pieds et lui demanda de visiter la maison de ses parents. Il ajouta: «Mes parents aiment fort les personnes semblables à toi, Père». L'Ancien, en souriant, se rendit à la maison des parents de l'enfant, qui le reçurent avec grande considération. Ils le prièrent de partager leur repas, puis le Staretz entra dans la chapelle familiale. Prenant l'enfant avec lui, le vieux moine lui ordonna de lire les heures. Cependant, Barthélémy, troublé, répondit qu'il ne pouvait pas lire. Le staretz réintima l'ordre, et l'enfant, ayant pris sa bénédiction, commença à lire le Psautier correctement et distinctement, à l'étonnement général. A table, les parents racontèrent au moine ce qui s'était produit à l'église quand l'enfant était encore dans le sein de sa mère. Le Staretz, avant de se séparer d'eux, dit ces paroles énigmatiques: «Cet enfant va devenir la demeure de la Sainte Trinité, et amènera une multitude à la compréhension de Sa volonté».
Après cela, Barthélémy commença à fréquenter avec ardeur l'Eglise et à lire la Sainte Ecriture. Après un certain temps, alors qu'il était âgé de douze ans, il se mit à observer une stricte tempérance, s'abstenant de toute nourriture le mercredi et le vendredi et se contentant, les autres jours, de pain sec et d'eau. En raison de certains malheurs qui le frappèrent à Rostov, le père de Barthélémy, Cyrille, partit à Radonège avec sa famille. Là, Barthélémy continua son ascèse. Alors que ses deux frères s'étaient mariés, il demanda à ses parents la permission de s'engager dans la vie monastique. Ceux-ci le prièrent d'ajourner son désir jusqu'à leur mort. Cependant, peu de temps après, ils entrèrent eux-mêmes au monastère et décédèrent bientôt. Pendant quarante jours, Barthélémy pria sur leur tombe, nourrit les pauvres et fit servir des offices de requiem. Ensuite, il fit don de ses biens à son frère cadet Pierre et décida d'accomplir son désir. Son frère aîné Etienne, dont la femme était décédée, effectua sa profession monastique au Monastère de Khotov, où ses parents étaient enterrés. Barthélémy, qui souhaitait une profonde solitude, convainquit Etienne de rechercher un endroit qui conviendrait mieux à la vie ascétique. Ils cheminèrent longtemps dans les forêts, puis trouvèrent un endroit approvisionné en eau et éloigné des chemins battus, à dix verstes de Radonège et de Khotov. Ils bâtirent une cellule avec une petite église. Le frère cadet, obéissant à l'aîné, demanda en quel nom serait construite l'église. Barthélémy, se rappelant les paroles du Staretz, répondit qu'il convenait de dédier l'église à la Sainte Trinité. Le frère cadet dit alors que telle était aussi sa pensée. L'église fut consacrée avec la bénédiction du Métropolite Théognoste. Ayant demandé à l'Higoumène Métrophane de venir, Barthélémy reçut la tonsure monastique avec le nom de Serge. Il avait alors vingt-quatre ans (1337). Etienne, quant à lui, parti peu de temps après au Monastère de la Théophanie à Moscou.
Et voici que Serge se trouva seul dans cette forêt, où les loups hurlaient près de sa cellule. Les ours aussi s'approchaient du lieu où vivait le Saint. Une fois, Serge s'aperçut qu'un ours n'était pas tant féroce qu'affammé, et il commença à éprouver de la pitié pour cet animal, puis lui donna de la nourriture. Le fauve s'éprit du père et vint souvent recevoir de lui sa pitance. Le Saint la lui donnait à chaque fois, partageait son dernier morceau de pain avec cet animal, et allait même jusqu'à se priver de nourriture pour lui. Saint Serge resta seul pendant trois ans jusqu'à ce que des zélateurs de la piété commencent à lui demander de vivre sous sa direction spirituelle. Peu à peu, douze frères se rassemblèrent, et chacun d'entre eux construisit sa propre cellule. L'Office de minuit, les Matines, les Heures, les Vêpres et les Complies étaient quotidiennement célébrées à l'église. Pour la célébration de la Liturgie, les frères appelaient un Prêtre de l'extérieur, car il n'y en avait pas encore parmi eux. Enfin, l'Higoumène Métrophane, qui avait tonsuré Serge, vint vivre avec eux. Mais, peu de temps après, cet ancien mourut. Quant à Serge, il ne voulait pas, par humilité, devenir Higoumène. Les frères se réunirent alors, vinrent voir le Saint et lui dirent: «Père, nous ne pouvons vivre sans Higoumène, et nous souhaitons que ce soit toi qui remplisses cette fonction. Ainsi, lorsque nous viendrons te révéler nos péchés, nous recevrons des enseignements et l'absolution. Il convient également que la Liturgie soit célébrée et que nous recevions les Saints Mystères de tes pures mains». Cependant Serge refusa et, quelques jours après, la communauté se réunit de nouveau chez le Saint, en le priant d'accepter la charge d'Higoumène. «Il ne m'appartient pas d'accomplir le Ministère Angélique; il m'appartient de pleurer mes péchés», répondit-il. Les frères pleurèrent et dirent enfin: «Si tu ne veux pas prendre soin de nos âmes, nous serons contraints de quitter ce lieu, nous errerons alors comme des brebis égarées, et tu devras en répondre devant Dieu.» «Je préfère me soumettre que de commander, dit Serge, mais, craignant le jugement de Dieu, je laisse ce problème à la volonté du Seigneur». Prenant avec lui deux des moines les plus âgés, il se rendit à Péréïaslavl, chez Athanase, l'Evêque de Volynie, auquel St Alexis, alors à Constantinople, avait remis les affaires du diocèse métropolitain.
En 1354, Serge fut ordonné Prêtre et élevé au rang d'Higoumène par l'Evêque Athanase. Il célébrait quotidiennement la Sainte Liturgie, et arrivait le premier à l'église pour chaque Office. Il fabriquait lui-même les cierges et les Prosphores, ne permettant jamais à quiconque de participer à cette dernière tâche. Pendant trois ans, le nombre des moines resta identique, le premier qui fit augmenter ce nombre fut l'Archimandrite Simon de Smolensk, qui préférait obéir à St. Serge plutôt que commander ailleurs.
Le soir après les Complies, et sauf en cas de besoin urgent, nul n'avait l'autorisation de se rendre dans la cellule d'un autre moine. Car les heures de la nuit devaient être réservées à Dieu seul. Le reste du temps, ils restaient dans le silence à alterner la prière et le travail manuel. A la fin de la prière que les frères devaient accomplir dans leur cellule, le Saint faisait secrètement le tour de celles-ci. S'il entendait de vaines conversations ou des rires, il frappait à la fenêtre pour les faire cesser et s'en allait tout triste. Le matin, il réunissait les fautifs, et «de loin», à l'aide de paraboles et sur un ton humble et doux, il les instruisait. Il n'employait une sévérité toute mesurée que pour ceux qui refusaient de faire pénitence et persistaient dans leurs fautes. Il aimait tant la pauvreté qu'il institua comme règle stricte de ne jamais faire de quête au profit du monastère, quels que soient ses besoins. Le dépouillement était extrême dans la communauté: On s'éclairait avec des tisons pour l'Office, et les livres étaient faits en écorce de bouleau. Un jour, le monastère se trouva réduit à une si extrême misère qu'on ne pouvait plus y trouver ni pain ni eau. Après avoir passé trois jours sans nourriture, Serge se rendit chez le frère Daniel et lui dit: «J'ai entendu que tu voudrais construire une entrée devant ta cellule. Je te la construirai afin que mes mains ne restent pas oisives. Cela ne te coûtera pas cher, je veux du pain avarié et tu en as.» Daniel lui apporta donc des morceaux de pain moisis qu'il avait chez lui. «Garde-les, lui dit le Saint, jusqu'à la neuvième heure; je ne prends pas de salaire avant d'avoir travaillé». Ayant achevé son travail, Serge pria, bénit le pain, en mangea, puis but de l'eau, ce qui constitua son repas. En raison de l'absence nourriture, les frères commencèrent à manifester leur mécontentement: «Nous mourons de faim», dirent les faibles, «et tu ne permets pas de demander l'aumône. Demain, nous partirons d'ici, chacun de son côté, et nous ne reviendrons plus!» Le Saint les persuada alors de ne pas affaiblir leur espoir en Dieu. «Je crois, dit-il, que Dieu ne délaissera pas les habitants de ce lieu». A ce moment, on entendit quelqu'un frapper à la porte. Le portier vit que l'on avait apporté beaucoup de pains. Il accourut tout joyeux, et dit à l'Higoumène: «Père, on nous a apporté beaucoup de pains. Donne-nous ta bénédiction afin que nous les prenions!» Le Saint ordonna de laisser entrer les bienfaiteurs, et convia tous les frères à table, ayant au préalable célébré un Office d'action de grâces. «Où sont ceux qui nous ont apporté ces dons?» demanda-t-il. «Nous les avons invités à table et leur avons demandé qui les avait envoyés», répondit le moine, «et ils nous dirent que c'était quelqu'un qui aime le Christ, qui les avait envoyés; mais que, ayant une autre tâche accomplir, ils devaient partir».
Une autre fois, le Saint, tard dans la soirée, priait pour les frères de son monastère. Soudain, il entendit une voix lui dire : «Serge !» Ayant terminé une prière, il ouvrit la fenêtre et aperçut une lumière inhabituelle qui descendait du ciel, et la voix continua: «Serge! Le Seigneur a entendu la prière pour tes enfants; vois quelle multitude s'est rassemblée autour de toi au nom de la Sainte Trinité». Alors, le Saint vit une multitude d'oiseaux merveilleux, volant non seulement dans le monastère, mais également tout autour. «Ainsi, poursuivit la voix, se multipliera le nombre de tes disciples et il ne te manquera point de successeurs pour marcher sur tes traces».
Peu de temps après, le Patriarche Philothée1 fit parvenir au Saint une croix et encore d'autres présents avec une lettre, dont voici le contenu:
«Par la Miséricorde Divine, l'Archevêque de Constantinople, Patriarche Oecuménique, Philothée, à Serge, fils dans le Saint-Esprit et concélébrant de notre humble personne. Que la grâce, la paix et notre bénédiction soient avec vous tous! Nous avons entendu parler de ta vie vertueuse, nous l'approuvons, et nous en glorifions Dieu. Mais il te manque une chose: la vie commune (cénobitique). Tu sais, Père très semblable au Christ, que le parent de Dieu, le Prophète David, qui saisissait tout par son esprit, loua la vie commune. «Qu'y a-t'il de meilleur et de plus beau pour des frères que de vivre ensemble»? (Ps 132). Pour cela, je vais vous donner un conseil utile: instituez le cénobitisme. Que la miséricorde de Dieu et notre bénédiction soient avec vous! » Suivant le conseil du Patriarche, le Saint, avec la bénédiction du Métropolite Alexis, introduisit la vie commune intégrale dans son monastère. Il construisit les bâtiments nécessaires, définit les devoirs propres à cette vie, et ordonna que toute chose soit commune, interdisant d'avoir sa propriété ou d'appeler quelque chose «sien». Le nombre des disciples s'accrut alors et l'abondance régna au monastère. On introduisit l'hospitalité, on nourrit les pauvres et on donna l'aumône à ceux qui le demandaient. Saint Serge s'était soumis à ce conseil du Patriarche par esprit d'obéissance. Bien qu'il demeurât amant de la solitude, il accepta d'assumer cette forme plus rigide de direction, sans cesser pourtant d'être un père et un éducateur plutôt qu'un administrateur. Mais il devait bientôt subir de cruelles épreuves. Un samedi, le Saint se trouvait dans le Sanctuaire, célébrant les Vêpres. Son frère, revenu au monastère, demanda au canonarque : «Qui t'a donné ce livre ?» «L'Higoumène», répondit celui-ci. «Qui est Higoumène ici?» répondit à son tour Etienne, avec colère. «N'ai-je pas fondé ce lieu en premier?» A ceci, il ajouta de violentes paroles. Le Saint entendait tout cela dans le Sanctuaire, et il comprit que cette manifestation de mécontentement était dûe en fait au nouvel ordre qui régnait dans le monastère. Mécontents du cénobitisme, certains quittèrent en secret le monastère, et d'autres souhaitaient ne plus avoir Serge pour Higoumène. Le Saint, laissant ceux qui voulaient vivre selon leur volonté face à leur conscience, ne rentra même pas dans sa cellule, mais s'éloigna du monastère. Les meilleurs moines étaient inquiets, mais pensaient encore que Serge reviendrait. Toutefois, leur attente fut déçue. Le Saint s'installa à Kirjatch. Sur la demande de certains, Saint Alexis dépêcha une délégation auprès de Saint Serge, afin qu'il revînt au monastère où il était si utile. Mais Saint Alexis, sentant sa mort prochaine, souhaitait trouver en la personne de Serge son successeur. Il le fit venir chez, lui fit cadeau de sa croix épiscopale. Mais Saint Serge, par humilité, la refusa en disant: «Pardonne-moi, Seigneur, mais depuis mon enfance je n'ai jamais porté d'or et maintenant, je souhaite d'autant plus rester dans le dépouillement». «Je le sais, bien-aimé, mais accepte par obéissance!» répondit Alexis. Ce faisant, il lui passa la croix autour du cou et lui annonça qu'il le désignait comme son successeur. «Pardonne-moi, vénéré pasteur, mais tu veux me charger d'un fardeau qui dépasse mes forces. Tu ne trouveras pas en moi ce que tu cherches. Je suis le plus pécheur et le pire de tous.»
Lorsque les hordes tatares déferlèrent sur la terre russe, et alors que la population était effrayée, le grand Duc Dimitri loannovitch, qui avait une grande foi en Saint Serge, lui demanda s'il devait entrer en guerre contre les impies Tatares. Le Saint bénit le grand Duc pour entrer en guerre et lui dit: «Avec l'aide de Dieu, tu seras victorieux et tu sortiras de la bataille sain et sauf et couvert d'honneurs.». Au moment de la bataille de Koulikovo2, le Saint était en prière avec ses frères et parlait du déroulement heureux des combats. Il citait même les noms de ceux qui tombaient, faisant une prière pour eux. Conformément à la prédiction de Saint Serge, le grand Duc remporta la célèbre victoire de Koulikovo, qui constituait le début de la délivrance du joug tatare.
Une nuit, alors que Saint Serge chantait l'Acathiste à la Mère de Dieu et lui adressait de ferventes prières pour le monastère devant son Icône, il s'interrompit un instant pour dire à son disciple Michée: «Sois vigilant, mon enfant, car nous allons recevoir une visite miraculeuse! » A peine avait-il prononcé ces paroles qu'il entendit une voix: «La Très Pure arrive!» Il se précipita à l'entrée de sa cellule et, soudain, une lumière inhabituelle l'entoura, plus éclatante encore que le soleil. Il vit la Très Sainte Mère de Dieu, accompagnée des Apôtres Pierre et Jean, rayonnante d'une gloire indescriptible. Le Saint se prosterna à terre, mais la Mère de Dieu le toucha de sa main et dit: «Ne crains point, mon élu! Je suis venue te visiter, car J'ai entendu ta prière pour tes disciples et pour ce lieu. Dorénavant Je ne quitterai pas ton monastère, durant ta vie comme après ta mort, et Je le protégerai». Après cela, le Saint resta sans sommeil toute la nuit, méditant avec piété sur la miséricorde céleste.
Six mois avant son trépas, le Saint, appelant sa communauté, la recommanda à Nicon, et se consacra lui-même à la solitude et à la prière. En septembre, il pressentit la maladie, appela de nouveau les frères et leur donna à tous ses dernières instructions. Il mourut le 25 septembre 1391, à l'âge de 78 ans.
St Paphnuce l'Egyptien
St Paphnuce l'Anachorète et ses 546 compagnons Martyrs
Mémoire du grand tremblement de terre à Constantinople et du Miracle du Trisagion
Saints Paul, Tattia son épouse et Sabinien, Rufus et Eugène leurs enfants
Ste Euphrosine de Souzdal
St Germain, Evêque de Kazan (translation des reliques)
Sainte Euphrosyne vécut sous le règne de Théodose le Jeune (vers 4 10). Elle était la fille de Paphnuce, égyptien d'une immense fortune, à qui il ne restait plus que cet enfant après la mort de son épouse. A l'heure de son mariage Euphrosyne se coupa les cheveux à l'insu de son père, revêtit des habits masculins et partit pour se retirer dans un monastère de moines, se faisant passer pour un eunuque du nom de Smaragde. Brûlante du désir de s'unir au Christ, elle se livra avec ardeur à tous les combats de l'ascèse, si bien qu'après peu de temps il eût été impossible de soupçonner que ce visage émacié et ce corps desséché étaient ceux d'une délicate jeune femme. Elle brilla ainsi pendant trente-huit ans comme une pierre précieuse au milieu de cette image de la Jérusalem céleste qu'était le monastère. Elle demeura d'abord quelque temps au service d'un ancien dans l'obéissance et l'humilité. Mais le diable, furieux de voir ainsi une jeune fille non seulement résister à toute ses attaques mais encore vaincre la faiblesse de sa nature, poussa certains moines à jalouser sa vertu et tenta d'en scandaliser d'autres par sa beauté et le charme de sa nature, que les travaux de l'ascèse ne parvenaient pas à cacher. Elle se retira alors dans une cellule solitaire, sans jamais en sortir, tout entière tendue vers Dieu et plaçant chaque jour de spirituelles ascensions dans son coeur. Au bout de trente-huit ans, elle tomba malade. Nombreux furent ceux qui vinrent alors à son chevet attirés par sa réputation de sainteté. Parmi eux se trouvait Paphnuce, que rien n'avait pu consoler de la perte de sa fille. Assurée par Dieu que le moment était venu pour elle de s'en aller vers les demeures éternelles et voulant apporter à son père une consolation au déclin de ses jours, elle lui révéla sa véritable identité, lui recommanda de laisser au monastère l'héritage qu'il lui avait réservé et de se charger de ses funérailles, puis elle remit son âme à Dieu dans une grande paix. Frappé de stupeur, Paphnuce tomba à terre comme mort. Revenu à lui et comprenant que c'est un péché de pleurer ceux qui sont partis de cette vie de douleurs pour gagner la vie éternelle, ses larmes se changèrent en joie. Il abandonna tout ce qui le retenait au monde et revêtit lui aussi l'habit monastique, afin de suivre les traces de sa fille et de la rejoindre dans la joie des élus. Il se retira dans la cellule même où elle avait vécu, et après dix années de vie vertueuse et agréable à Dieu, il s'endormit à son tour dans la paix.