Blog des amis de Dieu, de la France et de la Russie
d «Lorsque j'envoie de l'argent à ma mère, il sert à financer les mariages, les baptêmes ou encore les funérailles des cousins;
après ça, elle se retrouve sans rien pour s'acheter de quoi manger convenablement!», s'exclame Mohammed Sylla, qui vit à Paris et travaille dans l'action humanitaire. «En Guinée, on fait des fêtes à l'infini, et ma mère est tout le temps sollicitée pour y contribuer. Elle n'a ensuite plus un sou pour s'acheter du riz...»
De nombreux Guinéens de la diaspora partagent la frustration de Mohammed, son «ras-le-bol». Ils travaillent dur pour économiser, et lorsqu'ils regardent la façon dont leur argent est utilisé au pays, ils voient qu'au final celui-ci ne sert ni à nourrir leur famille ni au développement local.
Sans parler des sommes perdues en route à cause des transferts coûteux entre la France et la Guinée: jusqu'à 30% des sommes envoyées peuvent être prélevés en commissions et intermédiaires, surtout si le destinataire vit éloigné des agences bancaires des grandes villes.
Envoyer des vivres par Internet
Face à ce constat décourageant, Aboubacar Kourouma, 42 ans, a échafaudé un système ingénieux. Exilé politique arrivé de Conakry en 2008, ce Guinéen a monté Wontanara, une boutique en ligne pour que les migrants de la diaspora y choisissent les produits alimentaires qu'ils destinent à leur famille restée au pays.
Le principe est simple: après s'être connecté au site puis s'être identifié, le donateur choisit le marché où ses parents iront récupérer les denrées alimentaires qu'il a sélectionnées pour eux. Il indique le numéro de téléphone portable de ses proches, afin que ces derniers soient crédités. Ensuite, il leur communique un mot de passe pour qu'ils puissent valider la transaction.
En Guinée, les bénéficiaires sont instantanément informés du montant du don par SMS, ainsi que des coordonnées du commerçant local en charge de leur délivrer les produits alimentaires.