Paris (XIXème), dimanche. Dans le parc de la Butte Rouge, des migrants tunisiens font la queue pour une distribution de vivres organisée par des bénévoles.
Depuis deux semaines, des migrants tunisiens ayant trouvé refuge dans un square du XIXe arrondissement, en bordure du périphérique parisien, sont nourris par des bénévoles. Ils sont tous arrivés par l’île italienne de Lampedusa. Agés de 18 à 35 ans, ils ont gagné la France en général par la mer, via Vintimille, avec l’espoir d’y trouver une vie meilleure.
Tunisie : le récit des évènements de dimancheAprès le départ de Ben Ali, la Tunisie se tourne vers l’avenir Selon les bénévoles, ils seraient désormais entre 350 et 400 et des dizaines de nouveaux arriveraient quotidiennement.
«Ils se sont retrouvés là parce qu’ils ont pour la plupart de la famille ou des amis en Seine-Saint-Denis. Tout ce qu’ils veulent, ce sont des papiers pour pouvoir s’installer librement», explique Abdel Zran, membre d’une association franco-tunisienne d’Aubervilliers. Chaque soir, vers 19 heures, entre la Porte de la Villette et Pantin (Seine-Saint-Denis), lui et des habitants du quartier, aidés d’autres représentants d’associations, se relaient pour distribuer sandwiches, pâtes, riz et bouteilles d’eau à ces hommes qui ont fui le Maghreb par bateau.
2.000 euros pour atteindre la France
Ce voyage, ils l’ont parfois entamé au péril de leur vie. Après avoir passé en moyenne une semaine à Lampedusa, ils ont échoué dans des villes du sud de la péninsule italienne, à Catane, Tarente, Bari ou encore Foggia, dans les Pouilles, à l’instar de Khaled Chrigui, 32 ans. Cet ancien étudiant en informatique, originaire de Medinine, près de Zarzis (littoral sud-est de la Tunisie), raconte avoir rejoint Turin en car, puis Nice en train avant de monter dans une autre rame à destination de la gare de Lyon à Paris. Le voyage, comme pour les autres, lui aurait coûté environ 2 000 euros.
Moins «chanceux», Walid Jaballah, 23 ans, explique avoir dû marcher trois jours entre Vintimille et Nice. Pour lui, les conditions d’accueil en France sont mauvaises. «En Italie, il y avait plus d’humanité. Nous étions logés, on nous donnait des vêtements, de la nourriture, des cartes téléphoniques. Ici, rien. C’est zéro», affirme-t-il dans un mélange de français et d’arabe.
Un coin de pelouse défraîchi, «notre hôtel quatre étoiles»
Pour dormir, cet ancien soudeur de la ville de Gabès (littoral sud-est de la Tunisie) s’est aménagé à quelques mètres du square, juste sous le périphérique, un baraquement de fortune. «Ici, j’y dors lorsqu’il fait froid. Là, c’est quand il fait chaud», précise-t-il en montrant un matelas posé sur une butte de terre. Un autre ironise en désignant un coin de pelouse défraîchie où il a passé la nuit : «Ici, c’est notre hôtel quatre étoiles».
Pour Abdel Zran, la situation n’a que trop duré. «Ils n’ont qu’un repas par jour. Que risque-t-il de se passer lorsqu’ils auront faim ? Eh bien, ils voleront sûrement. Il faut éviter cela en leur donnant la main», explique le militant associatif, se plaignant de ne pas être aidé par les collectivités.
source : http://pdflimousin.unblog.fr/2011/04/25/paris-xixe-des-migrants-tunisiens-refugies-dans-un-square/